latin au collège

4e SEQUENCE 1 : LA REPUBLIQUE A ROME (-510 à -27)

Texte 1 : l'esclavage pour dettes des plébéiens les pousse à la révolte contre les patriciens en -495, Tite-Live, Ab urbe condita, "Depuis la fondation de la ville", II, 23

Texte p. 58 du manuel

Fremebant tutioremque in bello quam in pace et inter hostis quam inter ciuis libertatem plebis esse;

Ils s'indignaient que la liberté de la plèbe soit plus en sûreté pendant la guerre que pendant la paix et parmi les ennemis que parmi les citoyens ;

Magno natu (=senex)quidam cum omnium malorum suorum insignibus se in forum proiecit. 

Un homme d'un grand âge s'avança sur le forum avec les marques de toutes ses blessures.

Noscitabatur tamen in tanta deformitate,

On le reconnaissait malgré une telle difformité

et ordines duxisse aiebant. 

et l'on disait qu'il avait été centurion (=dans les ordres, les rangs de l'armée, donc, un citoyen)

Sabino bello ait se militantem aes alienum fecisse.

Pendant la guerre sabine il dit que soldat il avait contracté des dettes. 

(6) Id cumulatum usuris primo se agro paterno auitoque exuisse,

Ces dettes ajoutées aux intérêts lui avaient dans un premier temps enlevé le champ de son père et de son grand-père,

deinde fortunis aliis.

et par la suite ses autres biens.

POINTS GRAMMATICAUX A VOIR :

- la formation du comparatif

- in + ablatif : pendant ; inter + acc : entre

- les infinitives introduites par : ait/ aiebat "il dit/ disait que..." ; fremo/ fremebam "je m'indigne que/ je m'indignais que..."

 

Texte 2 : la nomination du dictateur Lucius Quinctius Cincinnatus, Tite-live III, 26 à 28

 En -458, les Romains sont pris au piège par l'armée des Eques. Le consul ne semble pas suffisant pour sauver l'état, on décide de nommer un dictateur mais on redoute qu'il ait le goût du pouvoir.

[III, 26, 5] Rien de plus surprenant, rien de moins attendu ne pouvait arriver; aussi, la crainte, la terreur furent telles qu'on eût dit que c'était la ville et non l'armée que l'on assiégeait. (6) Le consul Nautius est rappelé; mais, comme cet appui parut insuffisant, on songea à créer un dictateur pour soutenir l'état ébranlé. Lucius Quinctius Cincinnatus réunit tous les suffrages. (7) Qu'ils sachent apprécier une telle leçon ! ceux pour qui toutes les choses humaines ne sont, au prix des richesses, qu'un objet de mépris, et qui s'imaginent que les grandes dignités et la vertu ne sauraient trouver place qu'au sein de l'opulence.

(8) L'unique espoir du peuple romain, Lucius Quinctius, cultivait, de l'autre côté du Tibre,

Spes unica imperii populi Romani, L- Quinctius trans Tiberim...agrum colebat.

et vis-à-vis l'endroit où se trouve à présent l'arsenal de nos navires, un champ de quatre arpents, qui porte encore aujourd'hui le nom de "Pré de Quinctius". (9) C'est là que les députés le trouvèrent, creusant un fossé, selon les uns, et appuyé sur sa bêche, selon d'autres, derrière sa charrue; mais, ce qui est certain, occupé d'un travail champêtre. Après des salutations réciproques, ils le prièrent, en faisant des voeux pour sa prospérité, et pour celle de la république, de revêtir sa toge, et d'écouter les instructions du sénat. Surpris, il demande plusieurs fois si quelque malheur est arrivé, et ordonne à Racilia, son épouse, d'aller aussitôt chercher sa toge dans sa chaumière. (10) L'ayant revêtue, il s'approche après avoir essuyé la poussière et la sueur de son front; les députés le saluent dictateur, le félicitent, le pressent de se rendre à la ville, et lui exposent la terreur qui règne dans l'armée. (11) Un bateau avait été préparé pour Quinctius, par les ordres du sénat; à la descente, il fut reçu par ses trois fils, venus à sa rencontre; puis arrivèrent ses autres parents, et ses amis, et enfin la plus grande partie des sénateurs. Au milieu de ce nombreux cortège, et précédé des licteurs, il se rend à sa maison. (12) Le concours du peuple était immense; mais il était loin d'éprouver, à la vue de Quinctius, une joie égale à celle des patriciens. Il jugeait le pouvoir trop grand, et que l'homme qui allait l'exercer s'y montrerait trop dur. Pour cette première nuit, on s'en tint à une garde exacte dans la ville.

[3,27] L'armée du dictateur se porte au secours de l'armée consulaire assiégée dans son camp.

 

(1) Postero die (1) Le lendemain,

dictator  le dictateur

ante lucem avant le jour,

cum ...in forum uenisset, se rend au forum,

magistrum equitum dicit L- Tarquitium,et nomme maître de la cavalerie Lucius Tarquitius,

 patriciae gentis,  de famille patricienne;

sed qui, et qui,

cum stipendia pedibus propter paupertatem fecisset, bien qu'il eût fait ses campagnes dans l'infanterie, à cause de sa pauvreté,

bello tamen primus longe Romanae iuuentutis habitus esset.était considéré à l'armée comme le premier et de loin de la jeunesse romaine.

il se rend ensuite, avec son maître de la cavalerie, à l'assemblée du peuple; proclame la suspension des affaires, ordonne que les boutiques se ferment dans toute la ville; défend que personne s'occupe de ses affaires privées; (3) donne à tous ceux qui pouvaient servir à l'armée l'ordre de se trouver en armes, avec du pain pour cinq jours, et douze pieux, au Champ de Mars, avant le coucher du soleil. (4) Ceux que leur âge rendait incapables du service militaire, devaient, tandis que dum leurs voisins préparaient des armes et allaient chercher des pieux, faire cuire leur pain. (5) Les jeunes gens courent de tous cotés pour se procurer des pieux; chacun en prend à sa proximité, sans que personne s'y oppose, et tous se trouvent avec exactitude au rendez-vous du dictateur.  impigreque omnes ad edictum dictatoris praesto fuere.

 (6) Là, on se forme en un ordre également propre à la marche et au combat. On se prépare ainsi à tout événement; le dictateur se met à la tête des légions; le maître de la cavalerie conduit ses cavaliers. Dans les deux troupes, c'étaient, comme l'exigeait la circonstance, des exhortations continuelles (7) à doubler le pas, à se hâter pour atteindre de nuit les ennemis; "on assiégeait le consul et l'armée romaine; depuis trois jours ils étaient enfermés; on ne savait ce que chaque jour ou chaque nuit pouvait amener; souvent les événements les plus importants dépendent d'un moment; (8) hâtez-vous, porte-enseigne, soldats avancez," s'écriait la troupe, pour seconder les vues de ses chefs. Au milieu de la nuit, ils arrivent sur l'Algide, et, s'apercevant qu'ils sont près de l'ennemi, ils plantent leurs enseignes. 

 [3,28] Libération de l'armée; les Èques sont contraints de passer sous le joug.
(1) Alors ibi le dictateur, autant que l'obscurité peut le permettre, fait, à cheval, le tour du camp ennemi, en examine l'étendue et la forme; ordonne aux tribuns de faire placer tous les bagages en un même lieu, et aux soldats d'aller avec leurs armes et leurs pieux prendre chacun leur rang : ces ordres sont à l'instant exécutés. (2) Puis tum, dans le même ordre que durant la marche, il développe son armée sur une longue ligne autour du camp ennemi. Au signal donné clamore sublato, tous doivent pousser un grand cri; chacun doit ensuite creuser un fossé devant soi et planter ses pieux. (3) On publie cet ordre, et le signal le suit de près; le soldat exécute le commandement; le bruit de ces cris retentit tout autour des ennemis, traverse leur camp, et parvient jusqu'à celui du consul, portant aux uns la terreur, aux autres le délire de la joie.  clamor hostes circumsonat. Superat inde castra hostium et in castra consulis uenit; alibi pauorem, alibi gaudium ingens facit.

(4) Les Romains reconnaissent le cri de leurs concitoyens, se félicitent de l'arrivée du secours, et de leurs postes et par leurs vedettes harcèlent l'ennemi. (5) Le consul s'écrie qu'il est temps d'agir; "ces clameurs annoncent non seulement l'arrivée des leurs, mais encore le commencement de l'attaque; grande serait sa surprise, si dans sa limite extérieure le camp ennemi n'était déjà menacé." Il ordonne donc aux siens de prendre les armes, et de le suivre. (6) C'est de nuit que ses légions commencent le combat. Leurs cris apprennent au dictateur que de ce côté aussi la lutte était engagée. (7) Déjà les Èques se préparaient à prévenir l'investissement de leurs ouvrages, lorsque l'ennemi, qu'ils assiégeaient, commença l'attaque; craignant qu'il ne se fît jour à travers leur camp, ils se défournent des travailleurs pour faire face à leur ligne intérieure, et laissent la nuit libre aux opérations de Quinctius. Ils se battirent jusqu'au jour contre le consul. (8) Lorsque le jour parut, ils étaient déjà enfermés par la circonvallation du dictateur, et ils soutenaient à peine le combat contre une seule armée, quand celle de Quinctius reprenant les armes aussitôt que ses travaux sont achevés, attaque les retranchements. C'était une nouvelle bataille à livrer, et la première ne s'était en rien ralentie. (9) Alors, entre deux périls qui les menacent, les Èques cessent de combattre, recourent aux prières, supplient d'un côté le dictateur, de l'autre le consul de ne pas attacher à leur destruction l'honneur de la victoire, et de leur permettre de se retirer sans armes. Le consul les renvoie au dictateur; celui-ci ajoute l'ignominie à leur malheur. (10) Il ordonne que Gracchus Cloelius, leur chef, et les premiers d'entre eux lui soient amenés enchaînés; qu'on lui cède la ville de Corbion : "Il n'a pas besoin du sang des Èques; il leur permet de se retirer; mais, pour leur arracher enfin l'aveu qu'il a soumis et dompté leur nation, ils passeront sous le joug." (11) Trois lances composent ce joug; deux sont fixées en terre; au-dessus d'elles, une troisième est attachée en travers. Ce fut sous ce joug que le dictateur laissa partir les Èques.

 

Pétrone, Satyricon, LXXVI (+70/80 environ) SUITE DE LA VIE ET DE LA FORTUNE DE TRIMACION.

 

76 = LXXVI.

"Enfin, par la volonté des dieux, je me trouvai maître dans ma maison, et alors, je pus en faire à ma tête. En deux mots, mon maître me désigna comme cohéritier avec César, et me voilà le possesseur d'un patrimoine sénatorial. Mais jamais personne fut-il content de ce qu'il a ? Je voulus faire du commerce.

 

Ne multis uos morer, quinque naues aedificaui, oneraui uinum -- et tunc erat contra aurum -- misi Romam. Putares me hoc iussisse: omnes naues naufragarunt. Factum, non fabula. Vno die Neptunus trecenties sestertium deuorauit. Putatis me defecisse? Non mehercules mi haec iactura gusti fuit, tanquam nihil facti. Alteras feci maiores et meliores et feliciores, ut nemo non me uirum fortem diceret. Scis, magna nauis magnam fortitudinem habet. Oneraui rursus uinum, lardum, fabam, seplasium, mancipia. Hoc loco Fortunata rem piam fecit: omne enim aurum suum, omnia uestimenta uendidit et mi centum aureos in manu posuit. Hoc fuit peculii mei fermentum. Cito fit quod di uolunt.

 

Pour ne pas vous faire languir, sachez que j'équipai cinq navires ; je les chargeai de vin ; c'était alors de l'or en barre ; je les envoyai à Rome. On aurait cru que j'en avais donné l'ordre : tous cinq font naufrage ! C'est de l'histoire, ce n'est pas de la blague ! En un jour, Neptune me mangea trente millions de sesterces.« Vous croyez que là-dessus je lâche la partie ! Pas du tout ! Cette perte m'avait mis en goût ; comme si de rien n'était, j'en construis d'autres plus grands, et plus forts, et plus beaux, afin que personne ne puisse dire que je manque d'estomac. Vous savez que plus un navire est gros, plus vaillamment il lutte contre les vents. Je charge une nouvelle cargaison : du vin, du lard, des fèves, des parfums de Capoue, des esclaves. Dans la circonstance, Fortunata fut admirable : elle vendit tous ses bijoux, toutes ses robes et me mit dans la main cent pièces d'or ; elles furent le germe de ma fortune. « Les affaires vont vite quand les dieux veulent. »

 

 En un seul voyage je gagnai une somme ronde de dix millions de sesterces. Je commence par racheter toutes les terres qui avaient appartenu à mon maître ; je me fais bâtir une maison, j'achète des bêtes de somme pour les revendre. Tout ce que je touchais croissait comme champignons. « Quand je me trouvai plus riche que le pays tout entier, je fermai mes registres, j'abandonnai le négoce et me mis à prêter à intérêt aux affranchis. Et j'allais même me retirer entièrement des affaires, mais j'en fus détourné par un astrologue : c'était un Grec, du nom du Sérapa, qui était venu par hasard dans notre colonie : il me parut inspiré par les dieux. Il me dit même des choses que j'avais oubliées et me raconta toute ma vie de fil en aiguille. Il lisait dans mes entrailles ; peu s'en fallait qu'il ne dise ce que j'avais mangé la veille. On aurait cru qu'il ne m'avait jamais quitté d'une semelle.

 



07/09/2008
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